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Georges PEREC – W ou le souvenir d'enfance
On connaît chez Perec le goût de la minutie facétieuse. Dans « W », elle ne faut pas : ce double-V est à l’image des deux textes qui s’entrelacent dans le livre. L’un, récit morcelé et autobiographique de l’enfant juif que fut Georges Perec, né en 1936, en France.
La première partie de l’autre prépare faussement à un roman d’aventure : à un jeune homme déserteur, est donnée une fausse identité : celle d’un certain Gaspard Winckler, enfant disparu lors d’un naufrage dans une pérégrination familiale à la voile censée le sortir
d’une prostration autistique : les cadavres des naufragés sont retrouvés, sauf celui de Gaspard...
Mais ce roman d’aventure devient, en deuxième partie, la chronique impersonnelle d’une société fondée sur l’esprit olympique, et vivant en autarcie sur W (lettre dont la forme rappelle celle des cinq anneaux du drapeau olympique), une île de la Terre de feu, à la
pointe sud du Chili. Une société qui s’avère peu à peu, sous l’humour distancié de Perec, être un enfer glacé régi par une caste occulte et sadique, les Officiels, un monde totalitaire dont l’horreur rappelle le régime nazi.
Ces deux textes sont placés en miroir l’un de l’autre, chacun autonome, mais se répondant comme en contrepoint. Un livre profond, visionnaire (car dans cet abstrait W on sent aussi se profiler la prospective), qui vous fait froid dans le dos, et dans le ventre.
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