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Alain ROBBE-GRILLET - Les Gommes.
Un livre de 1953 qui ne s’effacera pas de sitôt. Dans cette reconstruction nécessairement diabolique du destin eodipien, Alain Robbe-Grillet a le sens des phrases calibrées, homogènes : il aime à les passer au crible. Et la poésie de cette ville à l’ambiance tamisée et sourde d’une Venise sordide (la brume froide qui noie les petites mesquineries bourgeoises), remontée au Nord : ce café des Arpenteurs que sa crasse même nous rend attirant ! Les métaphores rares et dosées, le souci soudain d’un détail sur lequel se fixe la conscience qui le dissèque jusqu’à en avoir une vision atomique, les personnages identifiables par un ou deux attributs qu’ils portent toujours comme un vieux pardessus auquel on tient.
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