Scriptosum - A chaud
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De l’air, du champ !

Ce n’est pas encore une tempête balayeuse, mais ça pourrait en prendre l’ampleur. C’est pour l’instant une petite brise maligne qui fait juste un peu de ménage. Ça souffle gentiment via le Net. C’est quoi ?
La rebiffade ! Oui, ça se rebiffe ! Mais à quoi ?
A peu près depuis que Marcel Duchamp a fait d’un urinoir une célèbre oeuvre d’art, beaucoup ont exploité le filon, sans trop s’interroger sur la provocation qui, seule, pouvait se révéler insuffisante à nourrir l’âme comme le doit l’art. En littérature, ça a donné et donne encore une série de textes émanant d’auteurs que, outre que la liste en serait trop longue pour tenir ici, l’on ne citera pas (quoique !…).
Ces auteurs ne sont d’ailleurs pas en cause (quoique !..).
Ils « font ce qu’ils peuvent », ils « ont leurs limites », « ils sont des ratés » comme écrit Christine Angot parlant d’elle-même. Ils ou elles « courent ignorant de ce qui se passe… Les phrases viennent à leur rencontre, mais elles s’évaporent au-dessus de leurs têtes », ou à peu près. Et là, ils ou elles ont « le sentiment de faire quelque chose » comme Marie Darrieussecq l'écrit. Approximativement, « toutes les fois qu'il s'applique à interrompre ce naufrage au ralenti, par des tentatives funambulesques qui satisfont ses priorités plus que les siennes », comme écrit Alexandre Jardin sans se relire, l’auteur satisfait les siennes plus que celles des autres. Qui le lui reprocherait ?
Ces auteurs ne sont pas en cause, et c’est peut-être à leur corps défendant que leurs textes (à quoi, prenant du champ, ils trouveraient sans doute la valeur littéraire des conversations que les ménagères de plus de cinquante ans tiennent au marché le samedi matin) ont été publiés !
Quels sont donc ces picadors assez courageux pour nous monter en épingle d’aussi infimes taurillons ?

Du geste esthétique renversant de Duchamp faisant d'un urinoir "la fontaine", le renversement n'a pas été retenu. Seul le décret, confortable, l'a été: l’art n’a pas de compte à rendre, il se décrète.
Mais par qui ?
En littérature, c’est évidemment à l’appareil grands-éditeurs/journalistes que revient cette mission d’imposer silence à tous les récalcitrants. Aux lecteurs qui ont le mauvais goût d’interpeller sur des textes publiés dont la faiblesse confine au ridicule, d’interpeller sur le battage médiatique qui en valorise les auteurs pour laisser dans l’ombre d’authentiques écrivains, à ces lecteurs exigeants qui demandent pourquoi ça ? l’appareil éditeurs/critiques répond: Parce que.
En médiocratie, on n’argumente pas.
Comme dans tout bon régime totalitaire, c’est l’arbitraire qui règne là.
Pour peu de temps encore, je crois, car la brise enfle de jour en jour.
Lecteurs de tous les pays…

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