« Dans un texte, cette référence au réel n'a qu'une valeur secondaire, et d'ailleurs personne n'ira y voir ; l'essentiel est le paysage sonore, le bouquet de vie immobile et purement littéraire, l'atmosphère d'indéfinies correspondances obtenue par le recours à ces phonèmes.
Ceux-ci auront en outre été sélectionnés non en raison de la présence indubitable de ce qu'ils désignent dans une portion de nature réelle mais
pour les harmoniques engendrées par leur assortiment […] »
Patrick DREVET - LE VŒU D'ECRITURE (p. 61 – Gallimard 1998)
C'est sans doute ce qui, dans la littérature, échappe à François Bon quand il s'enflamme un peu naïvement sur le livre numérique au motif que « ce qui m'intéresse dans l'usage numérique de la littérature, c'est que le référent est toujours présent, parce que la même petite page sur laquelle on écrit ou on lit, on peut la traverser sans arrêt pour voir directement ce à quoi on se réfère ». C'était pourtant le seul argument valable pour sortir la liseuse électronique de l'ornière du gadget, du simple support ; argument, donc, incidemment mais magistralement démonté ici par Patrick Drevet... en 1998.
|