Scriptosum - A chaud
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Le livre numérique I : pas de bile, c'est labile !

Si l'on pense que les innovations technologiques viennent toujours en support de défaillances humaines, on ne s'étonnera guère que le livre électronique émerge au point nommé d'un certain flottement esthétique lisible en maints ouvrages de littérature (avec, en cruel corollaire, cette question, souvent, en refermant un livre : Mais pourquoi diable avoir imprimé ceci ?).
Car, outre la facile diversion du contenu sur le contenant (et j'y reviendrai), s'il est une vertu de la publication numérique dont l'écrivain peu sûr de lui peut se féliciter, c'est bien ça : la labilité ! Aussi, celui enclin à l'indécision - que la paresse et l'aboulie empêchent de trancher - pourra toujours, par le biais numérique, continuer à arpenter de ses bottes glaiseuses le chantier
« déconstruit » et toujours frais de « son oeuvre », ce que les fines bouches anglomanes nommeront work in progress.
Imprimer sur papier, c'est fixer, c'est donc assumer la responsabilité (certes angoissante) d'une construction définitive (avec l'aura de talent qui l'accompagne ou non). Publier en numérique, c'est s'assurer le confort de pouvoir modifier en un clin d'oeil un texte diffusé. De l'enrichir immédiatement et sans frais. C'est ludique et facile.
Du coup, ça rapproche le texte de la simple oralité : ça en a le caractère léger, tâtonnant et fugace. Le texte n'a alors pas plus de pérennité que la parole. La parole passe, l'écrit aussi. Idéal, dans une époque où l'Histoire pèse si lourd ! Cette non-fixation recueille, bien sûr, l'assentiment de la « post-modernité » (quel nom prendra ce qui viendra après, je crains le pire !). Encensons donc cette labilité que nous renverrons habilement à l'humilité de l'écrivain (qui, dès lors, ne peut plus se dire qu'écrivant !)

Et maintenant, imaginons l'Histoire si, dès les Sumériens, les tablettes eussent été électroniques !


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