Scriptosum - A chaud
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Vézelay,
« délicieuse mosquée chrétienne » (Marcel Proust)


C’est sans doute parce que je fais litière de toutes les religions, parce que, selon moi, elles se valent toutes et se rejoignent conceptuellement dans une syncrétique ineptie, que je ne parviens pas à comprendre :

1 - l’émotion soulevée à l’idée récemment lancée que des églises totalement désaffectées* puissent servir à héberger le culte musulman. Imaginons un instant l’ouverture, l’adoucissant œucuménisme dont pourraient s’émousser les extrêmes les plus acérés de l’islam dans un lieu qui fut chrétien ! Il me semble que le rejet de l’idée s’apparente à un comportement puéril que nous avons tous observé : l’enfant qui dédaigne son jouet, mais qui, au mieux dans l’hypothèse d’un futur regain d’intérêt, au pire, par simple caprice d’un existentiel égoïsme, en refuse jalousement l’usage à son petit frère ou à sa petite sœur.

2 - le fait que deux des jours fériés religieux chrétiens n’ait toujours pas été supprimés au profit d’un jour férié musulman et d’un jour férié juif, tenant ainsi compte de la diversité religieuse dans le pays, ce qui assoirait un peu mieux le principe de laïcité puisque aucune confession n’ayant plus l’exclusivité des jours nationalement chômés sous couleur de religion, cette substitution éteindrait définitivement le soupçon qu’il pourrait y avoir en France une religion d’Etat.

Mais peut-être le moment n’est-il pas encore venu.

J’incline à croire que le Président François Hollande ne s’inscrirait pas forcément en faux contre ces deux options. Mais il a déjà eu la « Manif pour tous », il souhaite sans doute laisser refroidir les braises. Et ce n’est pas à l’approche d’une période électorale que sera pris un tel risque, qui dépasse en audace celui que prit François Mitterrand lors de l’abolition de la peine de mort.
A mon sens, c’est là, dans cette prudence, dans cette pusillanimité, et non dans l’élection de Syriza en Grèce (cf. « A chaud précédent ») qu’on peut parler de populisme : dans la peur de cette forme sourde et confuse de la réaction populaire. Plus précisément, c’est peut-être là, dans le respect de ce fossé un peu bourbeux où fermentent de vieilles émotions sur des sujets périphériques**, et qui sépare le peuple de l’aile la plus devancière de l’élite, que se joue la comédie populiste, vague change donné à l’exercice démocratique devenu impossible.

* c’est-à-dire, désaffectées en tant que lieux religieux et en tant que monuments historiques, fréquentées tout au plus par les araignées de bénitier, dont des générations entières ont eu le temps de voiler de leurs toiles les Marie éplorées de leur plâtre effrité, mais aussi les Jésus dont le corps de bois s’alvéole en dons aux larves xylophages

** périphériques par rapport à nos vies réelles dont des pans entiers sont discutés dans l’opacité feutrée des salons de Bruxelles, par exemple.

23 juillet 2015



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