« Ouragan » de Laurent Gaudé
Il est des livres qui, apparemment, sont des nullités parachevées, mais qui, en seconde analyse (je ne dis pas en deuxième lecture, il faut des limites au masochisme), et à la lumière du cursus de leur auteur, peuvent prendre les atours et les miroitements d’une parodie. Ce qui demande, bien sûr,
de ne pas prendre au mot les ingrédients figurant sur l’emballage (la 4ème de couverture), et d’admettre que cette vision, qu’après coup votre indulgence aura colorée plus favorablement, n’était pas dans les intentions de l’auteur.
C’est le cas de cet « Ouragan », venteux s’il en est, mais, après tout, lisible comme parodie d’un film catastrophe à très petit budget. Bien loin, donc, de ce qu’en annonce la 4ème de couverture : « Tour à tour tragédie grecque ou fable biblique ». Et là-dessus, les alligators de Louisiane
pourraient en remontrer à n’importe quel Godzilla ! Oui, vous seriez bien ingrats de bouder les fous rires qui vous prennent souvent, et de plus en plus (quoique finissant par lasser), à mesure que vous avancez dans ce marécage de mots indigents alignés à la va-vite.
Tout y est : l’écriture miséreuse ou redondante (de « l’intensité de l’air » au « vacarme est assourdissant » en passant par les « déluges d’eau ») ; l’écriture ressassante (« Elle est descendue, emportant avec elle... Elle est descendue ») pour faire du volume, la phrase inutile et creuse (« pendant quelques secondes, il ne se passe rien »), ou qui dit le
contraire de ce qu’elle voudrait dire (« qui se sont retenus de ne pas se jeter sur lui et le frapper », merveille, donc, de l’inadvertance heureuse dont je parlais plus haut) ; la poésie mirlitonesque (« Ô le long baiser qui... cloue la nuit au silence » - sans doute une lointaine résonance de l'expression se faire clouer le bec) ; la syntaxe approximative (« et je sais qu’il y aurait »), nous relatant des scènes dont la minceur tangue entre le
pathos et le ridicule de la farce accomplie ; tout ça – non pas animé, encore moins incarné – agité par des caricatures de médiocrité qui tiennent lieu de personnages.
Bref, pas un livre, mais une toile du nanarland qu’on se fait après l’école, et qui gode de partout.
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